Indigènes, mémoire et justice.
Publié le 26 Septembre 2006
Depuis le sortie du film "Indigènes", c'est un ancien débat qui vient d'être relancé. Quel place pour ces hommes qui ont aidé la France à devenir une République ?
Quelle place d'honneur notre pays leur accorde t-il ? et que sont-ils devenus ?
Avant de me lancer dans cet article, je voudrais d'abord souligner une chose :
Je ne voudrais pas que ce film "Indigènes" qui se veut un outil d'aide à la Mémoire puisse être récupéré par une forme d'insatisfaction latente des personnes issues de l'immigration vivant en France.
Les premiers témoignages de jeunes ayant participé à la première du film m'ont interloqué. Ce film a voulu rendre toute sa place à un pan de notre histoire nationale. Voilà qui est fait et pour cela, je salue le réalisteur. Mais je crois aussi, qu'il faudra être attentif dans les jours à venir à ne pas tomber dans les effets pervers d'une possible récupération par des jeunes qui sont en mal d'identité dans notre pays.
Le travail de mémoire et de réconciliation entre la France et ses colonies est dure, pénible.. parfois autiste. Alors ne décourageons pas les bonnes volontés. Il faut se rappeller, dire comment c'est arrivé et pourquoi. Mais aussi rendre toute sa place à la dignité des hommes et des femmes acteurs de cette histoire.
Voilà, ce préambule étant posé, je voulais aborder un point spécifique aux personnes ayant combattu aux cotés de la France et qui sont aujourd'hui retraités dans ce pays.
Difficile d'avoir des chiffres exact. Ils seraient aux environs de 30 000, issus de plus de trente pays.
D'aprés les informations que j'ai pu obtenir... mais n'hésitez pas à me corriger...
Pour la plupart, ils ont prés de 80 ans et plus... vivant dans des conditions trés modestes, voire vétustes. Ils résident en France, condition sine qua non pour toucher leur pension de guerre. Ils ne sont autorisés à se rendre dans leur pays que deux fois l'an. Sans quoi ils se verraient privés de tous leurs droits sociaux. Alors ils sont là, souvent seuls, errant dans les rues des villes, à l'affût d'une rencontre, d'un partage avec quelqu'un. Ils n'ont qu'une envie rejoindre leur famille, dans leur pays.. et partager leur maigre revenus avec eux. ( 40 euros par trimestre pour certains)...
Vous aurez un peu plus de details avec le lien ci-dessous.
http://www.gisti.org/doc/plein-droit/56/manoeuvres.html
Avec cette assignation à résidence, ils sont privés d'une vie sociale et familiale et à quel prix !!
J'ai alors pensé à tous ces retraités Français qui n'ont plus les moyens de prendre leur retraite en Provence et qui ont opté pour le Maroc. Ils y ont trouvé un climat clément, un niveau de vie que jamais ils n'auraient eu en France avec leurs revenus. Certains ont même les moyens de se payer du personnel de maison pour 200 euros par mois. Ce phénomène s'est acceléré ces dernieres années en Tunisie et au Maroc. Il faut dire que les gouvernements de ces pays leur ont permis de bénéficier de programmes fiscaux trés attrayants.
Alors, je ne sais pas s'ils sont soumis aux mêmes obligations de présence en France que nos anciens combattants ? Là est ma question.
Mais je vois là, une nouvelle forme de néo-colonialisme qui me dérange au plus haut point.
Deux poids deux mesures.
Alors comment entammer un travail de mémoire, en perdurant des attitudes aussi inégales ?
Merci de vos commentaires et pistes de reflexion.
Vous pouvez ici écouter l'emission de France-Culture avec Benjamin Stora sur ce sujet.
http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/matins/index.php?emission_id=25060143
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