La crise vue par Milton Keynes
Publié le 2 Février 2010
La crise, comme chacun s’entendait l’appeler, n'est plus... Disons qu'elle aimerait ne plus être. Nous avons pris le parti de faire parler notre économiste coléreux mais distingué, Milton Keynes, de temps à autre, aujourd’hui la colère de Barack Obama inspire la sienne
LePetitJournal.com : Croyez-vous possible un retournement des mentalités du peuple américain et en particulier des riches américains bénéficiaires du
système décrié par Obama ?
Milton Keynes : La lutte que le Président américain commence n'est pas gagnée d'avance, je pense même qu'elle est perdue d'avance. Il ne s'agit pas du peuple américain, il s'agit
de prendre la maîtrise des entreprises qui génèrent et font survivre ce système. Il serait simple de manipuler les classes les moins favorisées des USA et de les faire voter pour les grandes
idées de leur Président. Mais qui vous a dit que le peuple avait encore ce pouvoir. Le système électoral mis en place diminue de beaucoup l'impact populaire et laisse à de grands électeurs le
vrai pouvoir de décision. Et tout le monde a son prix, même les grands électeurs... De plus, Obama n'est plus majoritaire au Sénat, alors ses réformes... Au mieux elles ne seront que la
caricature de ce qu'elles auraient dû être, au pire elles seront un espoir dissipé. Photo de l'association des amis de Keynes -
Keynes
Vous ne serez jamais optimiste ? Vous n'avez pas la foi en l'avenir ?
Vous me taxez toujours de mettre en avant la philosophie et la spiritualité et c'est vous qui me parlez de foi et de l'optimisme qui devrait en être la conséquence ? Je me demande parfois si je
ne rêve pas. Je devrais être optimiste puisque la crise est terminée; elle n'a fait que passer. Je devrais avoir la foi en un système qui nous a montré qu'il était incapable de durer, ne
serait-ce que par la limitation des matières premières et leur utilisation plus qu'abusive. Je serais aveugle à ce point ou tout juste bon à être interné chez les fous. Je sais que mes positions
officielles et celles que j'évoque avec vous sont diamétralement opposées mais c'est ce qui me permet de conserver un espoir. Si, moi dans mon petit coin, je vois les choses de cette façon, je ne
désespère pas que d'autres les verront comme moi. Bien sur, nous n'aurons pas les mêmes idées pour en sortir mais au moins ils verront le vrai monde dans lequel nous vivons. Et, ensemble, nous
trouverons une solution. Cela est du vrai optimisme, pas celui qui repose sur le décret imposé partout sur "la fin de la crise". Ce n'est pas une crise, c'est bien pire que cela bien que
bénéfique à long terme.
Alors qu'espérez-vous pour le Président Obama ?
Mis à part la page la plus originale des livres d'histoire, je ne vois pas comment il pourra s'en sortir. Ou alors... Rêvons un peu. Il va séduire nos amis banquiers et grands entrepreneurs
américains voire mondiaux. Il va mettre en place un début de comportement éthique. Mais le fondement du système est la consommation, celle-ci est le support de toutes nos décisions et même le
profit n'en est qu'une conséquence. Comment être éthique et consommer à outrance, là il y a impossibilité. L'éthique nous oblige à la mesure, à une réflexion à long terme et la consommation nous
pousse dans le sens exactement inverse. Donc une moralisation de la finance mondiale n'aura finalement que peu d'impact voire pas du tout. La consommation génère le profit qui, à son tour, crée
les moyens d'en réaliser le plus possible et le plus vite possible. Mettre de l'éthique là-dedans relève du miracle. Bonne chance Monsieur Obama...
La suite demain...
H.A.M. (