Travail des enfants

Publié le 8 Décembre 2007


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Photo d'Adrian Lorsque vous prenez une pause café, pensez un peu à Adrian*. Comme d'autres enfants à Turrialba, l'une des principales régions de culture du café au Costa Rica, Adrian sait ramasser les cosses. Le café est à ce point un mode de vie que même les vacances scolaires sont prévues pour coincider avec la récolte.

Adrian, qui a six ans, et ses camarades de l'Ecole publique d'Aquiares font partie des 10 000 enfants et adolescents de Turrialba qui travaillent, avec leurs parents, dans les grandes plantations et sur les petites propriétés. « Je ramasse le café avec ma maman et mon papa. Je me lève à cinq heure et pars avec eux. Je préférerais aller à l'école parce que là bas, j'apprends beaucoup plus, » explique Adrian. Son amie Alba, également âgée de six ans, approuve. « Ramasser le café est plutôt ennuyant et puis je me fatigue et les serpents peuvent me mordre », dit-elle.

Ces jeunes enfants n'ont pas le choix. Ils travaillent pour gagner de l'argent qui leur permet d'acheter des jouets, des vêtements et des fournitures scolaires. « Je crois que si ces familles avaient plus de ressources, elles n'auraient pas recours au travail des enfants, » commente la maîtresse d'Adrian, Celia Barquero. Mais l'école dépend aussi de la récolte. « Chaque année, nous emmenons les enfants ramasser le café pendant trois jours, et avec ce que nous gagnons, nous pouvons acheter une télévision et un magnétoscope pour l'école, » explique-t-elle.

Les conditions sont encore plus terribles pour les travailleurs immigrés, dont beaucoup viennent du Nicaragua. Les grandes plantations logent les travailleurs dans des « baches » ou petits cabanons d'environ 11 mètres carrés, dans lesquels deux familles partagent une cuisine et une salle de bain. Joaquim Aguilar, membre de la Fondation nationale pour l'enfance de Turrialba, condamne les conditions de vie misérables des « baches », qui sont pour lui « une violation des droits de l'homme ».

Les enfants qui travaillent dans les plantations de café font face à de nombreux risques pour leur santé et leur sécurité. Ils souffrent de blessures et sont enclins à attraper des maladies respiratoires, dermatologiques et d'autres sortes de maladies dûes aux produits chimiques, aux pesticides et aux insectes porteurs de maladies. Au Guatemala et au Salvador, certaines plantations ont mis en place des écoles. Mais, dans la plupart des régions, les longues heures de travail, la nature saisonière de la production du café et l'absence d'écoles aux environs des plantations et des fermes rendent le suivi des cours impossible.

Comme dans de nombreuses autres régions du monde, le travail des enfants est un problème croissant en Amérique centrale, où plus de deux millions d'enfants, âgés de 5 à 15 ans, travaillent. Dans le cadre de sa campagne mondiale pour éliminer les pires formes de travail des enfants, l'Organisation internationale du Travail (
OIT) sponsorise un projet destiné à aider les
800 000 enfants et adolescents de la région, qui travaillent dans le secteur de l'agriculture.

Le Programme international de l'OIT pour l'élimination du travail des enfants, connu sous le nom d'
IPEC, travaille dans six pays avec les associations de planteurs de café et les organisation non gouvernementales pour éliminer le travail des enfants dans les plantations. L'objectif est qu'en deux ans, 20 000 enfants cessent de travailler à temps complet au Costa Rica, au Salvador, au Guatemala, au Honduras, au Nicaragua et au Panama.

Le projet inclut la réhabilitation sociale et la protection des enfants qui travaillent ainsi que celles de leurs familles. A ceci s'ajoute un système de contrôle et de vérification minutieux, impliquant des inspecteurs du travail, des officiels du gouvernement et des représentants des associations de producteurs de café.

Les enfants et leurs parents pourront prendre part à des programmes d'éducation, de santé, d'alimentation et de récréation. Des inspecteurs indépendants vérifieront que les enfants ne font plus partie de l'industrie du café et qu'ils ont accès à des alternatives viables afin qu'ils ne retournent pas travailler. L'IPEC a obtenu de bons résultats avec des stratégies similaires employés pour l'industrie du textile au Bangladesh et pour l'industrie de fabrication des ballons de football et de tapis au Pakistan.

Les noms des enfants ont été changés afin de protéger leur identité.
*

Rédigé par kak94

Publié dans #politique

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